L’analyse des recettes et des dépenses de l’État sur le long et moyen terme montre que sa dette n’est due en rien à des dépenses trop élevées, car elles baissent de manière très nette; depuis 1978, de deux points de PIB pour les dépenses de l’État y compris les intérêts, et même de trois points pour ses dépenses pour le service public, soit de plus d’un septième. Ses recettes sont par contre en chute libre, accusant une baisse de cinq points de PIB en 35 ans, ce qui correspond en 2013 au coût de plus de deux millions d’emplois.
Les trois mécanismes de perte de recettes publiques (cadeaux fiscaux, évasion fiscale, crise) ont un double effet sur la dette; d’une part le déficit direct induit doit être comblé chaque année par des emprunts, et d’autre part ces emprunts sont générateurs d’intérêts à couvrir eux aussi par des emprunts. Ces trois mécanismes sont respectivement responsables de 842, 452 et 306 milliards d’euros de dette en 2013 : 1600 milliards en tout, soit légèrement plus que le montant de la dette de l’État, ou 82 % de la dette publique.
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01250473/document
Le graphique de la page 37 du document est très clair à ce sujet. Sans les cadeaux fiscaux, la dette publique devrait être entre 50% et 60% du PIB depuis 1998. Pire, sans les cadeaux fiscaux, l’évasion fiscale et le renflouement des banques en 2008, il ne devrait pratiquement plus y avoir de dette.
La dépense publique était de 34.7% du PIB en 1960. Jusqu’en 1974, les recettes et les dépenses étaient équilibrées:
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381414
La courbe d’évolution des dépenses publiques doit être mises en parallèle à celles de l’évolution du chômage et du déficit public:
http://www.chroniques-cartographiques.fr/2015/09/geographie-du-chomage-en-france.html
Voir aussi la page 18 du rapport suivant:
Le ralentissement de la croissance, l’apparition du chômage de masse et la hausse de la dette publique ont mécaniquement accru la part dans le PIB des dépenses liées à l’indemnisation du chômage, au soutien de l’emploi et aux intérêts de la dette. Une part importante de ces dépenses sont illégitimes. Elles viennent du fait que nous empruntons aux riches le montant des impôts qu’ils ne payent pas.
Le pays ne dépense pas 56% de son PIB. Ce chiffre n’est simplement qu’un rapport entre la dépense publique et le total des richesses créées, en sachant que le calcul du PIB n’est pas exempt de critiques (mesure-t-il vraiment l’intégralité des richesses créées par le pays, en particulier celles créées par les fonctionnaires ?). Quand on calcule la dépense privée, de la même manière que la dépense publique, on arrive à plus de 200% du PIB.
La dette privée représente 147% du PIB en 2016, bien loin de la dette publique. Celle-ci est en augmentation constante depuis au moins 20 ans:
http://www.raphael-didier.fr/2017/12/dette-publique-et-dette-privee.html
Faudrait qu’un jour ces gens si intelligents qui nous gouvernent nous expliquent pourquoi tous les pays du monde sont endettés (pour le Japon c’est quand même 250% du PIB !), ça serait très instructif.
La France est une République sociale, comme il est indiqué dans le premier article de sa Constitution. En ce sens, son économie est mixte, comme dans tous les Etats, mais la France a un part sociale de son économie plus importante que dans beaucoup d’autres pays du monde. Ca n’en fait pas pour autant un Etat socialiste ou communiste (comme on l’entend parfois de la part de certains libéraux).
Les services marchands et non marchands représentent 70% du PIB en France en 2017 (n’oubliez pas d’ajouter à la somme des valeurs ajoutées la TVA et les droits de douane pour obtenir le PIB):
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2830197
https://www.insee.fr/fr/statistiques/3550563
Dans les services non marchands vous avez ceux produits par les administrations publiques, l’enseignement publique, la santé publique et l’action sociale. Ces services représentent 20% du PIB en 2017 (ça laisse de la marge pour le privé !).
Les politiques suivies depuis 1998 sont en train de détruire l’Etat social mis en place depuis le Conseil National de la Résistance. Ces politiques portent un nom : économie de l’offre et néolibéralisme.
Le montant cumulé des 500 plus grandes fortunes de France a été multiplié par trois en dix ans, atteignant un record de 650 milliards d’euros, selon le classement 2018 du magazine Challenges, et encore dominé par Bernard Arnault.
La fortune cumulée des plus riches de France représente ainsi près de 30% du PIB du pays en 2018, contre 10% en 2009, après la crise financière :
Voici ce qu’a écrit Eric Toussaint récemment :
Avant la crise, la croissance annuelle moyenne du PIB (produit intérieur brut) français en termes nominaux était de 3,89 %. Après la crise, cette croissance est passée à 2,07 %. C’est un recul de 47 % qui conduit à une perte cumulée de PIB de 1 541 milliards d’euros, selon Éric Dor. C’est là la vraie facture de la crise financière et du coût des erreurs des banques. Ce chiffre représente 67,3 % du PIB nominal français de 2017. Et il s’est traduit par du chômage, des faillites, des situations sociales dégradées, des pertes de revenus.
http://www.cadtm.org/Crise-de-2008-la-vraie-facture-laissee-par-les-banques-a-la-France
Depuis la crise de 2007-2008, les tentatives de relance de l’économie opérées par les banques centrales occidentales reviennent à amasser des barils de poudre dans une usine d’allumettes. De façon à placer le secteur financier sous perfusion, les grands argentiers ont adopté une politique de taux d’intérêt planchers, voire négatifs. Au prix de déséquilibres profonds, qui préparent les conditions d’une nouvelle crise.
https://www.monde-diplomatique.fr/2019/11/LEMAIRE/60936
Les grosses entreprises empruntent ou lèvent de l’argent comme l’État, mais la fête est bientôt terminée. Les PME voient leurs coûts exploser (matières premières, énergie), leur situation se dégrade, aucune banque ne leur prête de l’argent. La crise économique pointe son nez. Elle sera bien pire que celle de 2008.
https://or.fr/actualites/taux-negatifs-jusquou-peut-on-aller-economie-fiction-1612
Je m’adresse à vous, les citoyens Français, allez-vous continuer longtemps à donner le pouvoir à des gens qui n’ont pour seule mission que de protéger les intérêts des honnêtes gens ? Je vous renvoie à Henri Guillemin pour savoir qui sont les honnêtes gens.
Dans un documentaire diffusé sur France 3 le 7 mai 2018, le Président Emmanuel Macron évoque la réception de Vladimir Poutine à Versailles. Il justifie le choix du lieu en affirmant «Versailles, c’est là où la République s’était retranchée quand elle était menacée». Le seul événement correspondant à cette affirmation a eu lieu le 18 mars 1871 :
Au petit matin, des troupes régulières dépêchées par le gouvernement d’Adolphe Thiers cherchent à s’emparer des canons de la Garde nationale parisienne regroupés sur la butte Montmartre. Alertés, les Parisiens s’assemblent pour les empêcher de le faire. La troupe fraternise avec la foule. C’est le début de la Commune de Paris. Le même jour, à 15 heures, le gouvernement décide de quitter Paris, avec toutes les forces armées et les fonctionnaires. Le lieu de repli est Versailles. Le 2 avril, l’armée de Versailles lance l’offensive sur Paris. Du 21 au 28 mai, elle se livre au massacre des insurgés parisiens. Plusieurs milliers y perdent la vie lors de la «Semaine sanglante».
De quelle République parlait donc Emmanuel Macron ? Les républicains d’autrefois se plaisaient bien souvent à valoriser la continuité étatique de la monarchie centralisée. Aujourd’hui, Emmanuel Macron se complaît dans le rôle de monarque présidentiel :
«La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu.» Emmanuel Macron, juillet 2015
Ce n’est pas cela la vraie république.
Le 25 mars 1871 le comité central de la garde national écrit un appel à la vigilance et à la réflexion qui sera diffusé par affiches aux électeurs parisiens la veille des élections municipales du 26 mars. Voici ce qu’il dit :
«CITOYENS
Notre mission est terminée: nous allons céder la place dans votre Hôtel-de -Ville à vos nouveaux élus, à vos mandataires réguliers. Aidés par votre patriotisme et votre dévouement, nous avons pu mener à bonne fin l’œuvre difficile entreprise en votre nom. Merci de votre concours persévérant ; la solidarité n’est plus un vain mot : le salut de la République est assuré. Si nos conseils peuvent avoir quelque poids dans vos résolutions, permettez à vos plus zélés serviteurs de vous faire connaître, avant le scrutin, ce qu’ils attendent du vote aujourd’hui.
CITOYENS
- Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre propre vie, souffrant des mêmes maux.
- Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne considèrent que leurs propres intérêts et finissent toujours par se considérer comme indispensables.
- Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel.
- Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère.
- Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du Peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue.
- Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter.»
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