Il est six heure trente

Pas l'ombre d'un engourdissement

Aucune divagation

Rien qui ne laisse penser que le sommeil viendra. J'attends. J'écoute. Je m'écoute.

C'est une de ces nuits où les maux de tête se font plus puissant allongé que debout. Avec cette douleur se mêlent les pensées, négatives bien sûr (sinon ça ne serait pas drôle). Principalement ma crainte du futur.

Je vis dans un instant figé, je sais qu'il ne durera pas.

D'abord, il y a mon chômage. J'en profite ? Pas assez. On ne profite jamais assez de son temps libre, surtout quand on le sait éphémère. On finit chaque journée en énumérant ce qu'on aurait pu faire, mais qu'on a laissé filer. C'est ça. Je suis passé du "je n'ai le temps de rien". Du coup je m'en veux. Je pense au lendemain et j'espère que je ferai mieux. Quelle idée.

Ensuite il y a ma douleur. Instant figé, pour elle ? Pas vraiment. Je me sens entre parenthèse, mentalement. J'attends qu'elle passe. Depuis trois ans. Trois ans, c'est long. Mais en même temps, si elle venait à disparaître, demain, maintenant, je l'oublierai.

Puis il y a ma solitude. Étrange solitude. Pesante ? Pas tant que ça. Je suis plutôt taillé pour le célibat, je pense. Déjà ma forte présence en ligne maintient l'illusion d'une vie sociale. Est-ce que c'est satisfaisant ?

Hm

Aucune idée. Sans rire. Pas la moindre. Je recherche la solitude. Avec la douleur, j'ai perdu un peu de ma capacité d'aimer. Au sens viscéral. Mon amour est beaucoup plus conscient, mais j'ai nettement moins d'élan d'amour. Rien de sexuel là-dedans, je précise. Non pas que je vois l'attirance sexuelle comme un mal, j'en sais rien, je ne l'analyse pas. Juste que je ne parle pas de ça ici.

Mais est-ce qu'elle est pérenne ? Est-ce que je vois mon futur dans cette solitude ?

Non. En fait, je ne vois mon futur que dans un changement radical de vie. Mais le souci est que je n'ai aucune idée de ce que je veux. Le chômage : il ne peut pas durer même si je l'aime bien (faut bien se nourrir, il paraît) la douleur, je veux qu'elle parte, la solitude, plaisante comme oppressante